Encore une fois, la Côte d’Ivoire s’avance vers une élection qui ressemble plus à une mise en scène qu’à un véritable exercice de souveraineté. Car au centre du jeu, un homme : Alassane Ouattara, produit pur de la Françafrique, protégé de Paris, enfant docile d’un système colonial qui ne dit pas son nom. Et face à lui, toujours, l’ombre tenace de Laurent Gbagbo, radié, écarté, mais jamais effacé de la mémoire d’un peuple qui n’a pas dit son dernier mot.
Ouattara, c’est la continuité du pillage organisé. C’est le cacao ivoirien sous contrôle étranger, les marchés publics verrouillés par les multinationales françaises, la dépendance monétaire au franc CFA, cette chaîne coloniale que l’on traîne encore au cou. Avec lui, la France dort tranquille : ses contrats sont protégés, ses bases militaires maintenues, son influence assurée. Voilà pourquoi, quelles que soient les critiques, Paris veille à ce qu’Ouattara demeure. Le maître a besoin de son élève modèle.
Mais la Côte d’Ivoire n’est pas seulement un territoire à administrer pour l’Élysée. Elle est aussi une nation, avec un peuple, une mémoire et un désir brûlant de souveraineté. Et ce désir trouve encore un porte-voix en Laurent Gbagbo. Certes, il est radié de la liste électorale, mais sa voix résonne comme celle d’une Afrique rebelle, debout, refusant l’humiliation permanente. Gbagbo, c’est la fraternité avec les nations de l’AES, c’est l’ouverture vers une coopération Sud-Sud, c’est l’idée qu’une Côte d’Ivoire libérée peut redevenir maîtresse de son destin.
Le pouvoir en place croit pouvoir étouffer cette voix par des manœuvres juridiques. Mais l’histoire nous enseigne une chose : lorsqu’on bâillonne le peuple, il finit par parler plus fort que les urnes. Les Ivoiriens savent que l’exclusion de Gbagbo n’est pas une question de droit, mais une décision politique dictée par la peur : la peur de voir surgir un vote sanction, un rejet massif de la servitude, une colère qui balaierait Ouattara et ses parrains.
Voilà donc l’élection qui se prépare : une mascarade où la France joue son pion préféré, contre une Côte d’Ivoire qui réclame enfin sa dignité. La question n’est pas seulement de savoir si Ouattara sera réélu. La question est : combien de temps encore le peuple acceptera-t-il que Paris choisisse à sa place ?
Car l’Afrique change, le vent de souveraineté souffle du Sahel jusqu’au Golfe de Guinée. Et ce vent finira par atteindre Abidjan. Ouattara et ses parrains français peuvent repousser l’échéance, mais ils ne peuvent pas arrêter la tempête. comme le disait l’autre. « On peut truquer des élections, mais jamais museler l’Histoire. »
