C’est désormais un secret de Polichinelle : à en croire les rumeurs persistantes des réseaux sociaux, la mouvance présidentielle aurait enfin trouvé son « dauphin » en la personne de Romuald Wadagni, actuel ministre de l’Économie et des Finances, et fidèle lieutenant du président Patrice Talon.
Un choix qui, s’il se confirmait, marquerait un tournant décisif dans la bataille de succession au sommet de l’État béninois. Car depuis des mois, plusieurs noms circulaient, notamment celui du professeur Joseph Djogbénou, ancien président de la Cour constitutionnelle et figure respectée dans l’appareil taloniste.
Les partis siamois face au dilemme
Les deux grands partis de la mouvance, que d’aucuns qualifient de « siamois » — l’Union Progressiste le Renouveau (UPR) et le Bloc Républicain (BR) — se retrouvent à un carrefour historique.
Jusqu’ici soudés par la volonté du président Talon, ils devront désormais s’aligner derrière un nom unique. Mais que se passera-t-il si certains barons, frustrés de n’avoir pas été choisis, décident de jouer leur propre carte ?
L’histoire politique béninoise nous enseigne que les rivalités intestines sont souvent plus destructrices que l’opposition venue de l’extérieur. Le risque est réel de voir apparaître des fractures internes, des révoltes silencieuses, voire des défections.
Un choix stratégique… mais risqué
En privilégiant Romuald Wadagni, Patrice Talon miserait sur un profil technocratique, un homme reconnu pour sa maîtrise des finances publiques, apprécié à l’international, mais qui reste peu charismatique et encore méconnu du grand public.
Face à lui, des figures comme Djogbénou jouissent d’un ancrage politique plus profond et d’un réseau militant déjà structuré.
Le pari est donc clair : Talon veut un dauphin « sûr », loyal, qui protégera son héritage et évitera la tentation de trahir. Mais ce choix pourrait créer des frustrations explosives au sein de la famille présidentielle.
Les jours à venir
Dans les prochains jours, plusieurs scénarios sont envisageables :
- Union sacrée autour de Wadagni : si Talon impose son choix avec fermeté et discipline, la mouvance pourrait serrer les rangs, quitte à marginaliser les ambitieux déçus.
- Fractures internes : certains leaders, refusant d’être mis à l’écart, pourraient fomenter des dissidences, créant ainsi une brèche dont l’opposition profiterait.
- Recomposition politique : ce choix pourrait accélérer la fusion ou la réorganisation des partis siamois, avec la naissance de nouvelles coalitions inattendues.
Conclusion
Le choix de Patrice Talon, loin de clore le débat, ne fait que l’ouvrir. Car en politique béninoise, rien n’est jamais acquis d’avance. Romuald Wadagni est peut-être l’homme de confiance du chef, mais sera-t-il l’homme du peuple ?
La vraie bataille commence maintenant : non pas contre l’opposition, mais au sein même de la maison Talon.Dans les jours à venir, l’enjeu sera donc double :
- Tester la loyauté des chefs des deux partis siamois face à une candidature qui leur échappe.
- Maintenir l’équilibre au sein de la mouvance afin d’éviter que les frustrations n’ouvrent des brèches exploitables par l’opposition.
L’histoire politique béninoise a déjà montré que le choix d’un dauphin est toujours un pari risqué. Le président Talon, réputé stratège, espère sans doute que la discipline et la machine électorale suffiront à baliser le chemin pour son héritier présumé. Mais rien n’est moins sûr : dans les coulisses, les ambitions personnelles restent vivaces et les rancunes peuvent se transformer en véritables bombes à retardement.
