Une démarche controversée : les réactions régionales à la candidature d’Ouattara
1. Une inquiétude grandissante pour la démocratie en Afrique de l’Ouest
L’annonce officielle de la candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat en octobre 2025 suscite une vive inquiétude quant à l’état de la démocratie dans la région. À 83 ans, il justifie son initiative par les « défis sécuritaires, économiques et climatiques » auxquels la Côte d’Ivoire est confrontée. Mais pour de nombreux observateurs, cette démarche s’inscrit dans une dynamique autoritaire, marquée par des changements constitutionnels favorables à l’extension du pouvoir exécutif
2. Opposition interne : les partis et figures politiques en croisade démocratique
- Tidjane Thiam, leader du PDCI, juge cette candidature comme une violation grave de la Constitution, rappelant que la loi limite le président à deux mandats
- Guillaume Soro, ancien Premier ministre, qualifie la décision d’« illégale » et accuse Ouattara de piétiner les principes fondamentaux de la démocratie
- Laurent Gbagbo, du PPA-CI, dénonce également cette perspective comme une « horreur » constitutionnelle et appelle à la mobilisation citoyenne
- Le PPA-CI déclare qu’un quatrième mandat ne sera “pas accepté” et organise un front politique unifié sous la bannière « Trop c’est Trop »
3. Les attentes vis-à-vis de la CEDEAO et de l’UA
Certains intellectuels africains interpellent la communauté internationale et la CEDEAO, estimant qu’elles doivent réagir face à ce qu’ils considèrent comme un glissement vers l’autoritarisme. Dans une tribune influente diffusée par le Council on Foreign Relations, ils appellent la CEDEAO à condamner clairement cette candidature, afin d’éviter l’émergence d’un système de deux poids deux mesures entre régimes autoritaires et dirigeants civils
4. Loin d’une réponse claire : CEDEAO et UA restent prudentes
Pour l’instant, ni la CEDEAO ni l’UA n’ont pris de position officielle publique contre la candidature d’Ouattara. Leur réserve contraste avec la fermeté dont elles ont fait preuve à l’encontre des régimes autoritaires membres de l’AES (Mali, Burkina Faso, Niger), souvent sanctionnés ou suspendus pour avoir porté atteinte à l’ordre constitutionnel
Ainsi, une contradiction émerge : tandis qu’un président civil s’apprête à défier les règles démocratiques, les institutions régionales n’ont pas projeté le même niveau de critique ou de punition que celui appliqué aux juntes militaires défavorables à la démocratie. Ce double standard risque d’affaiblir leur légitimité et d’encourager les atteintes aux normes démocratiques.
Ouattara brigue un quatrième mandat, et ce choix polarise le pays.
L’opposition ivoirienne se mobilise vigoureusement, dénonçant une dérive néo-autoritaire.
Des voix influentes interpellent la CEDEAO et l’UA, exigeant une réaction ferme pour défendre la démocratie.
Mais jusqu’ici, les institutions régionales jouent la carte de la prudence, contrastant étrangement avec leur réaction antérieure aux régimes militaires.
Ce contexte alimente un dilemme : soit la CEDEAO et l’UA renouvellent leur crédibilité en s’opposant, soit elles creusent le fossé démocratique en laissant faiblir les principes qu’elles sont censées défendre.
