À quelques mois de l’élection présidentielle au Bénin, la scène politique s’anime et les lignes de fracture se dessinent déjà. L’annonce, par les réseaux sociaux et les cercles proches de la mouvance, de la désignation de Romuald Wadagni comme dauphin du président Patrice Talon, redistribue les cartes et place l’opposition, en particulier Les Démocrates du président Boni Yayi, face à une équation stratégique décisive.
1. Quel candidat pour incarner Les Démocrates ?
Le premier défi de l’opposition sera celui du choix du candidat. L’ancien président Boni Yayi demeure la figure tutélaire et charismatique du parti, mais son inéligibilité l’empêche d’être en première ligne. Dès lors, le parti devra trancher entre :
- Un héritier politique de Boni Yayi, capable de porter son flambeau et son électorat fidèle ;
- Un profil nouveau, moins marqué par les luttes passées, mais pouvant rassembler au-delà du noyau dur des démocrates.
Ce choix ne sera pas sans tension : certains barons rêvent déjà de candidatures personnelles, risquant d’ouvrir la voie à des divisions internes.
2. Une rivalité sous haute tension avec la mouvance
Face à eux, la mouvance présidentielle joue la carte de la continuité avec Wadagni. Son profil technocratique et sa proximité avec Talon offrent une image de continuité mais sa légitimité politique reste fragile.
Les Démocrates devront donc construire un récit alternatif : celui de la rupture démocratique et du retour à une gouvernance plus inclusive. Ce discours pourrait séduire les déçus du talonisme, mais nécessitera un candidat crédible, capable de dépasser les querelles d’appareil.
3. Coalitions ou fractures ?
La grande inconnue reste la capacité de l’opposition à se rassembler. Si Les Démocrates parviennent à fédérer autour de leur candidat unique, ils pourraient constituer un véritable contrepoids à la machine électorale de la mouvance. Mais en cas de fractures internes ou de candidatures multiples issues de l’opposition, le risque est grand de voir le champ laissé libre au dauphin de Talon.
L’histoire récente du Bénin l’illustre : sans coalition forte, l’opposition a souvent peiné à transformer la contestation en victoire électorale.
Conclusion
À l’horizon 2026, Les Démocrates se trouvent à la croisée des chemins. Soit ils sauront dépasser les ego, rassembler et incarner une véritable alternative politique, soit ils risquent de répéter les erreurs du passé et de laisser la mouvance consolider son emprise.
Le sort du scrutin ne se jouera pas seulement dans les urnes, mais dans la capacité des acteurs à comprendre que l’union fait la force… et la division, la défaite.
