La Cour pénale internationale, créée pour juger les criminels de guerre et les bourreaux de l’humanité, n’est devenue qu’un théâtre où l’Afrique joue éternellement le rôle du coupable. Depuis vingt ans, les geôles de La Haye ne s’ouvrent que pour les dirigeants africains{Omar el-Béchir, Laurent Gbagbo, Uhuru Kenyatta, Jean-Pierre Bemba, et bien d’autres}, Pendant ce temps, les crimes commis en Irak, en Afghanistan, en Palestine ou encore au Yémen par des armées occidentales ou leurs alliés restent largement impunis. Cette asymétrie révèle une vérité dérangeante : la CPI ne frappe que là où le rapport de force l’y autorise. Dès qu’elle tente de toucher aux puissants, les menaces fusent.
La preuve ? Elle est récente, brutale, et humiliante. Les États-Unis, par la voix de leur secrétaire d’État, ont menacé de sanctionner un juge sénégalais si la CPI ose poursuivre des citoyens américains ou israéliens accusés de crimes contre l’humanité. Voilà la vérité nue : la CPI peut juger les Africains, mais qu’elle n’ose jamais toucher aux Occidentaux, encore moins aux alliés stratégiques de Washington.
Quelle justice est-ce donc que cette justice ? Une justice qui tremble devant les puissants mais se montre impitoyable face aux faibles. Une justice sélective, une justice instrumentalisée, une justice coloniale en robe noire.
Et nous, Africains, que faisons-nous ? Nous continuons à livrer nos fils et nos dirigeants à cette machine qui ne fonctionne qu’à sens unique. Nous continuons à croire à l’illusion d’une équité internationale qui n’existe pas. Nous continuons à tendre la joue à une institution qui nous méprise.
L’Afrique, éternelle cible ?
L’heure n’est plus aux lamentations. L’heure est à la rupture. L’Afrique doit quitter la CPI. Pas demain, pas après-demain, mais maintenant. L’Afrique doit bâtir sa propre justice, renforcer sa Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, juger ses propres crimes, affronter ses propres démons. Car la dignité d’un continent ne se quémande pas, elle se conquiert.
La menace américaine contre un juge africain n’est pas un incident diplomatique, c’est une gifle à toute l’Afrique. Allons-nous encore baisser la tête ? Ou allons-nous enfin relever la nôtre et dire : assez !
La CPI est devenue l’ombre d’un espoir trahi. Et l’Afrique ne peut plus être complice de sa propre humiliation.
Construire notre propre justice
Il est temps que l’Afrique prenne en main son destin judiciaire. Cela passe par :
- Le renforcement de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, basée à Arusha, pour en faire une véritable juridiction pénale continentale.
- L’harmonisation des législations nationales pour juger les crimes graves au sein même des États africains.
- La solidarité politique entre pays africains pour résister aux pressions extérieures et affirmer une souveraineté judiciaire.
Conclusion
La CPI avait promis une justice universelle. Elle n’a livré qu’une justice sélective et politisée, où les Africains sont jugés et les puissants protégés. Les récentes menaces américaines contre un juge sénégalais en sont la preuve éclatante.
L’Afrique doit en tirer les conséquences : rompre avec une institution instrumentalisée et bâtir son propre cadre judiciaire. Car la justice ne peut être véritablement juste que lorsqu’elle est libre et souveraine.
