La France et ses alliés viennent de franchir un cap : reconnaître officiellement l’État de Palestine à l’ONU. Un geste qui claque comme un coup de tonnerre dans le ciel diplomatique.
C’est d’abord un symbole : dire haut et fort que les Palestiniens ont droit à une patrie, que la solution à deux États ne doit pas rester un slogan creux. Paris, membre permanent du Conseil de sécurité, imprime ici sa marque et relance un débat mondial trop longtemps captif du duo Washington-Tel Aviv.
Mais attention : un symbole ne libère pas un peuple. Ni Gaza du blocus, ni la Cisjordanie des colonies. Sur le terrain, rien ne change pour les millions de Palestiniens qui vivent sous occupation ou sous bombes.
Et déjà, les conséquences se profilent : colère d’Israël, tension avec les États-Unis, fracture dans le camp occidental. La France joue la carte de l’audace, mais aussi du risque calculé.
Les avantages
1. Un signal politique fort : Paris, puissance nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité, donne du poids au camp de ceux qui estiment que la Palestine doit exister pleinement dans le concert des nations. Cela brise le sentiment d’isolement palestinien et rééquilibre un débat trop longtemps dominé par le prisme israélo-américain.
2. Relancer le processus de paix : en consacrant l’idée de deux États, cette reconnaissance réaffirme la seule solution crédible pour mettre fin à la spirale de violence : un Israël reconnu et sécurisé, une Palestine souveraine et viable.
3. Un appui diplomatique et économique potentiel : la Palestine pourrait bénéficier d’une aide accrue des pays européens et de la communauté internationale pour construire des institutions solides, un embryon d’économie stable et renforcer sa légitimité.
4. Un effet domino : en suivant la France, d’autres États hésitants (en Europe ou ailleurs) pourraient franchir le pas, renforçant la pression sur Israël et les États-Unis pour revenir à la table des négociations.
Les conséquences et limites
1. Tensions avec Israël : cette décision pourrait être perçue comme une trahison à Jérusalem. Elle risque de durcir le gouvernement israélien, déjà marqué par une ligne sécuritaire inflexible, et de fragiliser la coopération bilatérale avec Paris.
2. Friction transatlantique : les États-Unis, protecteur historique d’Israël, voient d’un mauvais œil cette reconnaissance unilatérale. Elle met en lumière les divergences stratégiques entre Washington et ses alliés européens.
3. Une reconnaissance sans effet immédiat : reconnaître un État ne change pas la réalité du terrain : blocus de Gaza, colonisation en Cisjordanie, absence de souveraineté réelle. Le risque est que cette décision reste un geste symbolique, sans traduction concrète pour les Palestiniens.
4. La question de la légitimité interne : quel État palestinien est reconnu ? Celui gouverné par l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, minée par la corruption et l’usure du pouvoir, ou celui dominé par le Hamas à Gaza, considéré comme organisation terroriste par l’Occident ? Cette ambivalence affaiblit la portée de la décision.
Alors, victoire pour Ramallah ou simple illusion diplomatique ? L’Histoire jugera. Mais une chose est sûre : ce geste place Paris dans le camp de ceux qui osent bousculer l’ordre établi. Et rien que cela, dans ce Proche-Orient miné par l’immobilisme, c’est déjà un tremblement de terre.
